« Tu as dit que c’était quoi ? » Demanda à nouveau Dadine en regardant son camarade,
« Un tourne-disque ! » Répondit Stephan, en riant joyeuse en voyant son regard intrigué. « Et celui-ci est à manivelle ! Regarde-moi cette merveille, elle est vintage ! »

Le soleil était haut dans le ciel. Pourtant dans le bar miteux, ancien trésor de Paris, quelques personnes se trouvaient déjà discuter à voix basse. Stephan était un charmant garçon, aimable et souriant. Dadine l’était tout autant. Elle portait une jolie robe, d’un orange brillant, scintillant, bien qu’un peu froid pour la saison. Elle ne semblait pas s’en rendre compte, ce qui fit d’ailleurs murmurer à quelques hommes : « les hormones ! »

Stephan et Dadine s’étaient installés à une table. Il l’avait invité pour lui montrer une de ses trouvailles. Il l’avait déniché dans le grenier du chat noir et l’avait restauré, avec une certaine facilité, aidé par un camarade qu’il préférait ne pas dévoiler à Dadine – surtout en sachant son père.

« Et ça sert à quoi ? » Questionna Dadine, jouant avec sa chevelure rousse, le regard espiègle.

« Regarde ! »

Stephan sorti de son sac un gros disque rond et noir, troué en son milieu. Les bords semblaient coupants, et un papier un peu effacé se trouver en son centre. Il le posa au milieu de l’appareil et se mit à tourner la manivelle. Un son ignoble sorti de la machine, faisant stopper quelques serveurs.

« Dadine ! Viens bosser et Stephan, arrête cette horreur ! » Gueula un client, « on veut boire ! »

Le jeune homme l’ignora, tournant la manivelle plus rapidement, soudainement une voix et une musique furent audibles.

« Allez venez ! Milord
Vous asseoir à ma table
Il fait si froid dehors
Ici, c'est confortable
Laissez-vous faire, Milord
Et prenez bien vos aises
Vos peines sur mon cœur
Et vos pieds sur une chaise …. »

Le tourne disque se brisa, quand l’homme, titubant, qui avait gueulé sur Dadine poussa le tourne-disque qui s’écrasa sur le sol. Dadine se redressa, furieuse, mais déjà Stephan l’arrêta par le bras : « Ce n’est pas grave, je le réparai. Ne fais rien ! Et désolé de t’avoir déranger dans ton boulot. »

Il revint quelques heures plus tard, Dadine était derrière le comptoir.

« Tu as pu le réparer.
- Non, je vais prendre quelques pièces là-haut et j’y retourne.
- Ah … Dis Stephan, c’était qui, qui chantait ?
- Edith Piaf … Elle vivait il y a très longtemps. C’est joli, hein ? »

« Assez. »

Elle retourna travailler, tranquillement, joyeusement. Dadine s’amusant à tournoyer de tables en tables, chantonnant les premières phrases du début, lui étant restées en tête. Ne pouvant pas s’en empêcher, malgré l’agacement de certains clients.

Cette Piaf devait être une femme magnifique ! Pas du genre à chanter dans un bar minable, parce que son père ne voulait pas qu’elle traine avec ses meilleurs amis, se disait Dadine, en riant amusée.